Outre-Mer
10H43 - jeudi 2 décembre 2021

Le rendez-vous (partiellement) manqué aux Antilles, de Sébastien Lecornu, ministre des Outre-mer

 

Après ces 24 heures houleuses et totalement infructueuses en Guadeloupe, ce lundi 29 novembre, où il a dû couper court à toute discussion avec syndicats, peu représentatifs et même élus (devant le refus du préambule sur condamnation ou non des exactions par les syndicats), le ministre Lecornu a passé la journée d’hier mardi 30 novembre en Martinique.

Après l’incompréhension totale avec l’intersyndicale en Guadeloupe qui aurait voulu lui faire admettre que les exactions à l’encontre de gendarmes, de policiers, de ces émeutiers, n’étaient pas passibles de poursuites, toute discussion s’est avérée impossible. On peut le comprendre, ne pouvant s’entretenir avec des activistes, ex-LKP de Domota, discrédité, à l’origine de temps de méfaits, entrainant des jeunes à pratiquer le racket à la tête du client !

En Martinique, le climat fut un peu plus favorable : l’intersyndicale de la Martinique, plus représentative, qui avait pourtant durci les barrages dans la matinée, aidée par le Président de la Collectivité Territoriale de la Martinique, le député Serge Letchimy et ses élus, a tenté de pousser le ministre à adapter l’application de la loi d’obligation vaccinale, censée avoir provoqué cette tension sociale, occasionnant pillages, violences, incendies, etc. …

Ce report de l’obligation de vaccination pour les soignants et au-delà, envisagé par le ministre pouvait donc ouvrir la voie à la discussion, malgré le doute exprimé à la sortie, par le Président Letchimy et par Bertrand Cambusy, Secrétaire général du Syndicat CSTM, à l’origine de l’appel à la grève.

En conséquence, malgré une légère avancée et l’ » ouverture » du ministre, peu de barrages ont été levés, et tant que le débat sur la crise sociale ne sera pas ouvert réellement, avec une réflexion profonde et donc une refonte, sur la base des revendications, souvent justifiées, concernant «  vie chère, retards d’équipements et d’aménagement, retards des services publics (Eau, Électricité…), charges sociales », le séjour, trop rapide et superficiel du ministre des Outre-mer n’aurait servi à rien. Il a bien pris conscience, toutefois, des spécificités de ces Départements, tout en ne dérogeant pas, à juste titre, à appliquer la loi républicaine pour retrouver et maintenir l’ordre public, dans le respect des libertés de chacun.

En Martinique, on peut toutefois concéder que, malgré les pillages et autres violences pendant le couvre-feu, le message ministériel était plus posé, un esprit serein, et donc encourageant, de dialogue apparaissait, même si la nuit précédant son arrivée, le Centre de tri postal de Dillon avait été cambriolé et pillé par des malfrats, saccageant tout, barrant les routes, fermant à nouveau l’autoroute (aéroport/ville), et laissant encore le Port inaccessible, laissant apparaitre une diminution progressive et donc inquiétante des produits alimentaires dans certains rayons de supermarchés !

Enfin, malgré ces apparentes bonnes intentions ministérielles, comment expliquer que, dans le feu de l’action, le ministre n’ait pas pris l’initiative de faire un saut en Guyane, à Cayenne, même si la situation est moins alarmante, mais où, pourtant, le Covid a longtemps inquiété et surtout…. Surtout d’accorder un moment dans ce séjour, à l’ile de Saint-Martin, au statut déjà différent de sa proche ile voisine, Guadeloupe, où par contre la situation a empiré, dans la partie française et, semble-t-il, dans l’indifférence générale ?

Dans ce quartier difficile, déjà victime des bandes et de jeunes délinquants, de Sandy Ground, des groupes s’en prenant à des voitures, des commerces attaqués, une gendarmerie un peu dépassée malgré l’aide des Pompiers pour éteindre des feux criminels, justifiant l’appel au calme et l’arrêt de la « loi de la rue », du nouveau Préfet Serge Gouteyron de Saint-Barth et Saint-Martin. Comme le ministre doit le faire, il est bon pour les autorités locales de jumeler «  fermeté et dialogue ».

Et à Saint-Martin, et encore plus ailleurs, il faudra écouter à Paris les propositions suggérées, en l’occurrence là-bas par le Président de la Collectivité, Daniel Gibbs, actuellement en campagne pour renouvellement de son mandat, qui est un fervent défenseur de son dynamisme touristique, mis à mal par la crise sanitaire.

Alors au final, M. le Ministre Lecornu, trop pressé de rentrer en Métropole, sans avoir finalement réglé vraiment la crise et à qui il restera la mission de rencontrer les «  forces vives » en quadrillant les Départements, sans tarder (Maires, élus locaux, associations, organisations patronales, agriculteurs, journalistes…), va-t-il militer pour l’uniformisation républicaine des départements d’Outre-mer, ce que l’on peut concevoir quant à l’ordre et la sécurité, ou aura-t-il compris que les Outre-mer sont de «  super départements » qui méritent des attentions toutes particulières ?

Ce serait bien qu’un jour, le Président Macron puisse enfin s’exprimer sur ce concept, et que l’on se mette au travail avec ces échanges… dans l’intérêt des Ultramarins et des hexagonaux qui y vivent, tous sont Français ! et l’immense majorité veut le rester !

Alain DUPOUY

Chronique Opinion Internationale «  Outre-mer »

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